OLIVIER DE SERRES
Présentée en pleine euphorie de la mode aérodynamique, la "7" fait écrire à René-Charles Faroux, après un essai fort satisfaisant : « Et si toutes les voitures étaient aussi jolies que la "7" Citroën ! »
En effet, avec ses lignes fines et surtout très basses, elle se distingue beaucoup de ses contemporaines, pour lesquelles les carrossiers, plus soucieux de la fuite de l'air que de son arrivée, dessinaient des arrières très effi lés, souvent démesurés, tout en conservant une calandre rigoureusement verticale.
Dans ce mouvement, la 7 Citroën exprime un modernisme suffisamment poussé, un équilibre de bon aloi et une sobriété, exempte d'artifices et de chromes tapageurs. Cette harmonie se retrouve chez ses dérivés, la 11 normale avec son allure plus résolue et la 15 plus majestueuse et agressive avec son long capot. On a trop souvent parlé de révolution technique à la sortie de la 7 ; il convient ici d'ajuster les choses à partir de termes un peu trop publicitaires.
En réalité, toutes les solutions utilisées sur la 7 Citroën sont déjà connues, expérimentées, éprouvées, voire employées en série par d'autres constructeurs. Le génie de Citroën est de les réunir dans une seule et même voiture. La voiture est imaginée bien plus dans un esprit d'avant-garde que révolutionnaire, et finalement la Traction n'est démodée qu'au moment où la concurrence offre des modèles dont la finition et les accessoires donnent une illusion de supériorité technique.